[Juil. 2020] Construire le monde de demain
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Éditorial du journal
Depuis des mois, nous sommes au cœur d’une urgence où chacun et chacune a été amené à faire face à la crise sanitaire, souvent sur tous les fronts : la santé, le logement, la scolarisation à domicile malgré le manque de moyens et la peur de ne pas être à la hauteur et, pour beaucoup, dans l’angoisse de manquer d’argent pour nourrir toute la famille. Une maman militante Quart Monde nous partage : « D’abord je me bats et je fais manger les enfants, la suite c’est après. Et en ce moment une seule chose compte, c’est de manger ».
Mais à quel moment les mesures prises pendant cette période si difficile permettent aux personnes d’accéder à des droits et pas seulement de combler des manques ? À quel moment on se pose la question de comment les personnes devraient pouvoir faire face par elles-mêmes à leurs responsabilités, sans vivre la honte et l’humiliation de devoir faire appel à l’aide alimentaire pour se nourrir ? Le combat est quotidien et résister pour survivre est une constante dans la vie des plus pauvres.
« Le développement d’un secteur de la charité alimentaire n’est pas un substitut à des systèmes de protection sociale qui protègent vraiment », déclarait Olivier De Schutter, le tout nouveau rapporteur spécial des Nations unies pour l’extrême pauvreté et les droits de l’homme. Continuer d’institutionnaliser l’aide alimentaire serait une catastrophe pour des millions de personnes qui n’aspirent qu’à une chose : vivre dignement.
L’impératif national devrait plutôt être d’offrir à tous et toutes, et tout particulièrement aux jeunes, dont l’avenir est encore plus fragilisé par cette crise, la perspective d’une formation et d’un emploi qui leur permette d’assumer leurs responsabilités pour eux-mêmes, pour les autres, pour la société, maintenant et demain.
Isabelle Bouyer, membre de la Délégation nationale d’ATD Quart Monde