[Fev. 2023] Travail social : OSEE veut élargir les profils
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Éditorial du journal
“La pauvreté se stabilise”, soulignait l’Observatoire des inégalités dans son dernier rapport. En effet, depuis vingt ans, la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire se maintient autour des 12 à 14 % (seuil à 60 % du revenu median). La stabilité signifie qu’il y aurait une forme d’équilibre, de constance, voire de permanence dans cet état de fait. Nous serions-nous habitués à ce que des millions de nos concitoyens soient maintenus dans la pauvreté ? Cette stabilité traduit-elle une fatalité ou une résignation de la société ? Dans cette stabilité, on pourrait presque entendre un “Ça va, on gère”. Ni augmentation, ni diminution, seulement une routinière gestion.
Souvent, nous avons dénoncé une gestion de la misère. Aujourd’hui, nous observons que les logiques gestionnaires mènent inévitablement à de la maltraitance institutionnelle. Les vies des familles en situation de pauvreté sont rythmées par des violences institutionnelles conscientes ou inconscientes. Un numérique qui met sur la touche, des lenteurs administratives, des jugements, du mépris, des renvois d’interlocuteurs en interlocuteurs, autant de murs auxquels on se heurte et qui enferment dans l’exclusion et le non-recours.
La stabilité des chiffres de la pauvreté ne dit pas l’instabilité des vies en situation de pauvreté. Ces vies, il faut pouvoir les décrire dans leur complexité. En 2019, nous avons marqué une étape importante dans cette compréhension avec la recherche sur les dimensions cachées de la pauvreté. Ce travail s’est appuyé sur une démarche exigeante de connaissance de la pauvreté et de participation des premiers concernés. Sans connaître, on s’habitue. Pour notre Mouvement, il ne faut jamais s’habituer à la pauvreté sous toutes ses formes.
Anne-Marie De Pasquale, Benoît Reboul-Salze et Geoffrey Renimel, délégués nationaux d’ATD Quart Monde