Thomas Rigollet ne pensait pas que son engagement associatif deviendrait son travail. Ce basculement a vu le jour lors d’un stage à ATD Quart Monde au cours de son master. Aujourd’hui, il se sent épanoui et souhaite continuer à concilier engagement et travail.
“J’ai toujours eu cette fibre d’aider les gens.” Thomas Rigollet commence son parcours associatif en luttant pour le droit animal, aux côtés de L214, puis en donnant des cours à des femmes et des enfants en Inde. En parallèle, il suit une licence et un master de géographie sociale : “c’est peut-être à ce moment-là que je me suis dit : l’associatif, je veux que ce soit mon travail”, se rappelle Thomas. Lors de son second semestre de master, l’envie d’engranger plus d’expériences dans le monde associatif français le pousse à candidater pour des stages. “Je regarde l’annuaire des associations parisiennes et tombe sur ATD Quart Monde. Je ne connaissais pas, mais je leur ai envoyé ma candidature et la réponse a été positive”, explique-t-il.
En février 2020, Thomas commence son stage de six mois au sein de l’association. “Il y a eu un impact dès le début de ce stage”, exprime-t-il avec un timbre nostalgique et après avoir marqué une longue pause de réflexion. Le jeune homme découvre alors une association avec un esprit familial, moderne, dynamique et des valeurs qui lui ressemblent. “Mon regard a changé depuis cette expérience, explique Thomas, c’est un des objectifs d’ATD Quart Monde de justement modifier ce regard que les gens ont sur la pauvreté.” Après ces six mois de stages et l’écriture d’un mémoire au sujet de l’engagement à ATD Quart Monde, Thomas est sûr de lui : “le Mouvement avait encore des choses à m’apprendre, j’ai donc décidé de débuter un service civique au sein de l’association”.
“Pleinement vivant”
En septembre 2020, Thomas Rigollet commence son service civique et prend le rôle de chargé de mobilisation jeunesse. Ses objectifs, il les détaille fièrement : “faire connaître les engagements d’ATD Quart Monde auprès des jeunes et faire en sorte que les jeunes engagés se sentent appartenir au mouvement”. Ce travail d’un an le comblera et il décidera de poursuivre l’aventure en acceptant un contrat de volontariat associatif puis un CDD de 16 mois au service Mobilisation jeunesse et étudiants, à Montreuil. Thomas raconte avec des yeux pétillants : “Aujourd’hui, je suis à fond dans tout et je me sens pleinement vivant dans ce que je fais.” Effectivement, pour Thomas, l’associatif ne doit plus être qu’un simple thème de recherche ou une activité le week-end, mais prendre part à son quotidien.
Désormais, il se consacre entièrement à ATD Quart Monde en travaillant la semaine, en donnant des cours de soutien le week-end et en animant une Coloc’action, où il loge, à Montreuil. “Travailler et vivre ATD Quart Monde, c’est un peu compliqué parfois“, admet-il, mais ses convictions prennent à chaque fois le dessus lors de périodes plus difficiles : “ce travail a du sens pour moi, je ne me verrais pas faire autre chose pour l’instant.” Thomas est également animé par l’envie que “les jeunes s’engagent“, explique Jean Vénard, volontaire permanent depuis 30 ans. Ce dernier travaille avec Thomas lors des rencontres avec des jeunes au sujet de l’engagement : “Il est spontané et brouillon, dit-il en rigolant, il fait feu de tout bois, là où il y a de l’action, ça l’intéresse”.
Un engagement qui évolue
“Je ne suis pas sûr d’être encore à ATD Quart Monde dans 15 ans, soutient Thomas, mais aujourd’hui on vit dans un monde où, si on ne s’entraide pas, on n’y arrivera pas.” Le contexte actuel de la présidentielle a conforté son engagement associatif, mais également nourrit ses convictions politiques. Thomas souhaite, à travers le Mouvement et sa mobilisation récente en politique “concevoir un monde plus juste où les personnes victimes de pauvreté sont acteurs de ce changement”. D’après lui, son engagement a toujours évolué depuis ses 18 ans. Parfois, le jeune homme se sent plus engagé dans le milieu associatif que politique et vice-versa.
Aujourd’hui, il estime s’engager pleinement dans tout ce qu’il entreprend et est heureux de son parcours. “Ma fierté, c’est de pouvoir désormais exprimer mes idées librement aux autres, je me sens missionné pour cela”, explique-t-il, car, au départ, se lancer dans le milieu associatif n’était pas si simple. Thomas s’est toujours senti comme “un ovni” au sein de sa famille, parler politique ou d’engagement a toujours été compliqué. Avec le temps, il s’est construit un groupe d’amis engagés comme lui et a trouvé en ATD Quart Monde une seconde famille avec laquelle : “je partage les mêmes valeurs tournées vers l’entraide”, conclut-il. Justine Le Pourhiet
Photo : Thomas Rigollet au Centre national d’ATD Quart Monde, à Montreuil, avril 2022. © Justine Le Pourhiet